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Voyez, frères et sœurs, les dix commandements, le peuple Juif les a reçus, et nous aussi, puisqu’ils nous ont été transmis. On ne les aime peut-être pas trop parce que – à part le commandement d’amour envers les parents – ils sont négatifs. Mais ce négatif-là, c’est celui qui donnera à la photo sa lisibilité, montrant son côté positif ! Mais oui, écoutez donc : tous ces ”tu ne feras pas” ne doivent pas être pris comme coercitifs, mais plutôt libérateurs, comme des conseils qui empêchent de tomber dans le péché... de vol, d’envie, de meurtre, d’adultère, etc.

Malheureusement, frères et sœurs, dans nos vies nous risquons de briser les tables de la Loi. Et nous le faisons chaque fois que le péché nous y entraine. C’est alors que le Seigneur nous appelle, par notre nom, à nous avancer, seuls, vers lui, comme Moïse, et à lui présenter deux nouvelles tables, un cœur et un esprit, déterminés à redevenir nouveaux. Et comment seront- ils rénovés, deviendront-ils réellement de nouvelles tables ? Certes, non pas d’abord en portant dix nouveaux commandements, mais par contre en se laissant graver par ce qui peut rétablir notre adhésion aux commandements brisés par notre péché : et c’est le portrait que Le Seigneur fait de lui en disant à Moïse : je suis « tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité ; je garde ma fidélité jusqu’à la millième génération – ce qui veut dire éternellement, inconditionnellement –, je supporte faute, transgression et péché, mais ne laisse rien passer ». Cet ”être-Dieu”-là, s’est reporté sur Jésus ; Dieu lui-même nous l’a rappelé dans le psaume 144 quand il dit : « Je suis tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour » – pour nous annoncer Jésus.

Voilà, frères et sœurs, ce que l’on va trouver tout au fond de nous-mêmes ; face à notre péché qui brise notre vie, nous voulons – entre autre par cette démarche de pèlerinage – refaçonner nos vies grâce à la tendresse et à l’amour du Père. Notre misère deviendra alors cordiale, c’est-à-dire que notre péché pardonné va permettre à l’amour de Dieu de nous recréer nouveaux ; cet acte-là de Dieu s’appelle : Miséricorde.

C’est pour cela que Jésus a été envoyé dans notre monde. Il a été choisi pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, ceux qui vivent la misère ; afin que la Parole de Dieu proclamée par la bouche des prophètes s’accomplisse. Et Jésus est venu faire son pèlerinage sur la terre. Un pèlerinage qui a le même mouvement que le nôtre. ”Jésus s’est fait péché”, nous a dit saint Paul”, c’est-à-dire que Jésus est descendu jusqu’au plus profond de la déréliction, de la misère authentique de l’homme, pour pouvoir lui obtenir le pardon et le salut. ”Par ses souffrances, Jésus nous a guéris”, dit à son tour saint Pierre ; il est allé jusqu’au don de sa vie sur la croix, comme au plus profond de notre misère, au règne de la mort, et il est ressuscité par l’amour du Père, qui lui a redonné vie pour nous conduire au royaume de la vie éternelle. C’est tout le mouvement du pardon que Dieu donne à chacun, seul dans sa démarche, et sans rien laisser passer. Le Seigneur veut tout !

Encore une fois et pour conclure, c’est notre démarche en cette année de la Miséricorde : notre pèlerinage est une descente au fond de nous-mêmes pour y découvrir la misère qui brise nos vies, afin de nous laisser recréer par l’amour du cœur de Dieu, qui nous redonne vie, grâce à sa miséricorde.

 

Chers amis, rendons grâce au Seigneur, le Dieu du ciel : éternel est son amour !

Ainsi soit-il !                                                                                                                      2 / 2

Le pardon nous rapproche de Dieu.

Le propre de Dieu est de pardonner. Ce thème traverse toute la Bible. Dieu pardonne parce que son cœur est bouleversé par l’offense, qu’il est déchiré par le péché, qu’il est blessé par l’infidélité. Dieu est pfdmt remué par nos fautes et toujours prêt à les oublier dès que le repentir survient. Dieu pardonne parce qu’il aime. « Seuls ceux qui savent pardonner, savent un peu qui est Dieu. » La miséricorde est la carte de visite du chrétien ; c’est ce qui parle le mieux de Dieu à notre monde.

Le pardon nous met en communion avec nos frères.

Le péché creuse des fossés entre les personnes et le pardon rétablit des ponts, par-dessus ces ruptures.
Un couple, une famille, une communauté unie est celle où l’on pardonne. Nos existences quotidiennes sont remplies de petits ou de grands drames. L’Esprit Saint refait la communion brisée par « l’accusateur de nos frères ». Parce que l’autre est ce qu’il est et qu’il pèchera encore là où il a déjà péché, l’amour pardonne. Le vrai chrétien est celui qui patiemment, efficacement construit la paix, l’unité grâce à l’humble pardon. Demandons d’avoir suffisamment d’humilité pour ouvrir la route du pardon des offenses. C’est une œuvre de miséricorde !

Le pardon nous établit nous-mêmes en paix.

Il y a des fautes qui nous pèsent parce que nous ne savons pas nous les faire pardonner. ET il y a des fautes que les autres ont commises contre nous et qui nous pèsent aussi parce que nous ne savons pas pardonner.
St Augustin a analysé avec finesse cette situation. Celui qui n’aime pas son frère se croit libre intérieurement en l’ignorant. « il va , il vient, il entre , il sort, apparemment libre. Il est en fait enfermé ; du moment qu’il refuse de pardonner, il est enchaîné. Il n’est pas dans une prison. Mais ne crois pas qu’il échappe à la prison. Son cœur est sa prison. »

Les êtres vraiment libres, ce sont des personnes sans rancune ; des gens qui peuvent aller légers, joyeux d’aimer leurs frères et Dieu. Ils se savent pécheurs. Et plus encore, du moment qu’ils en ont fait l’expérience, ils se savent pardonnés.
Le secret d’un vrai bonheur et d’un bon pèlerinage, n’est pas ailleurs : il est dans la paix d’un cœur qui pardonne et se fait pardonner.

AMEN
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En fin de parabole, que voit-on ? On voit la miséricorde de Dieu fondre sur le publicain, l’envelopper comme d’un manteau de tendresse. Et qu’est-ce qui a attiré la miséricorde de Dieu ? C’est le regard lucide, vrai, humble authentique du publicain. Il ne cherche aucune excuse à son comportement ; il ne prétend absolument pas être juste lui-même. Il ne compte que sur la justice de Dieu. De fait, c’est cela qui fera de lui un homme juste, un homme justifié, un homme ajusté à Dieu.

Voilà le chemin possible pour réconcilier ces deux aspects : justice et miséricorde.

Au nom de la justice, il nous est demandé d’être vrai devant lui. Nous n’avons pas à cacher nos gros défauts sous le vernis de quelques bonnes actions dont nous sommes tous capables. Osons nous regarder dans le miroir de la miséricorde autrement dit osons exposer notre misère au regard de Dieu. « mon Dieu montre-toi favorable au pécheur que je suis. » Laissons-lui de nous juger selon son barème. Quand Dieu porte son jugement, ce n’est pas pour condamner, mais pour ajuster l’homme à son projet.

Nous avons habituellement tendance à vouloir choisir entre une chose ou l’autre, entre justice ou miséricorde. La grâce de ce pèlerinage oriente notre attention vers ceci : mettons des liens de coordination là où nous serions tentés de mettre des exclusions. Nous n’avons pas à choisir entre un Dieu juste ou miséricordieux, mais accueillons un Dieu juste ET miséricordieux. Et certainement juste parce que miséricordieux.

AMEN 

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Pèlerinage de la Miséricorde – Rome / Diocèse & Territoire abbatial / Arenzano /

25 oct. 16                                Ex 34, 1-9 / Ps 135 / Lc 4, 16-21

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Chers confrères, mes sœurs, mes frères, mon frère Jean-Marie, chers amis,

Lorsque les Juifs partaient en pèlerinage, ils montaient jusqu’à Jérusalem. Parfois ils pouvaient démarrer à moins zéro pour atteindre Sion à quelques 700 mètres. Nous, nous partons de Sion, en Valais, qui culmine à 500 mètres, pour Rome qui atteint juste... 140 mètres ! Assurément nous n’allons pas faire un pèlerinage des montées, mais des descentes !

Et n’allez pas croire que nous faisons les choses à l’envers, non ! Notre géographie chrétienne nous offre un autre itinéraire ; notre pèlerinage est ”le plus long, le plus exigeant, peut-être, mais en même temps le plus profitable” : celui dont l’itinéraire descend, ”celui qui conduit de la tête au cœur” – j’ai déjà lu ça quelque part... vous aussi peut-être... non ? Ne vous en faites pas, vous aller incessamment tomber sur ces lignes ces jours !

Notre pèlerinage descend de la tête au cœur. Ce pèlerinage de la Miséricorde nous demande de descendre au plus profond de nous-mêmes. Il va nous aider à aller chercher l’humilité dans laquelle s’enracine notre foi. Il nous conduit jusqu’au brasier ardent que l’amour de Jésus veut allumer en chacun de nous. Notre tête comprend, réfléchit, pense, décide, se trompe, pèche... notre cœur lui, veut aimer. Mais comment ? A la manière de Jésus, et non pas à la manière de l’homme dans la faiblesse de sa nature, là où le péché, son péché, le trahit. Ce qui fait qu’il se trouve alors misérable, et souffre de sa misère. Ainsi il veut la dépasser, et il essaie de l’assumer par le haut, mais il risque alors de donner la première place à l’orgueil. Et, du coup, il s’enfonce encore plus dans son misérabilisme...

Eh bien non, frères et sœurs, mes amis, nous ne pouvons nous sauver par en haut, sans être d’abord descendu au fond de nous-mêmes, et de notre misère, afin de la déposer dans le cœur brûlant de Jésus qui, la consumant, la transformera en œuvre d’amour.

—> Voilà la miséricorde : notre misère en son cœur !
Voilà notre démarche que nous commençons ce matin : le pèlerinage qui nous conduit de

notre tête à notre cœur. Du Christ à l’Amour.

Le Christ est la tête du Corps de l’Église, l’Amour en est le cœur ; ce qui fit dire à la petite Thérèse qu’au cœur de l’Église elle serait l’amour. Les chrétiens que nous sommes partons aujourd’hui au cœur de notre être découvrir notre misère, nous partons au cœur de Jésus découvrir son amour, nous partons au cœur de notre Église : à Rome ! Auprès de Pierre et de Paul, ces deux colonnes de l’Église, qui répondent aux deux tables de pierre taillées par Moïse !

En effet, sur l’ordre du Seigneur Yahvé, Moïse tailla deux nouvelles tables de pierre, « semblables aux premières » qu’il avait brisées. Et Le Seigneur, comme il se présente à lui, lui demande de les lui apporter – détail intéressant – : seul ! Et Moïse apporta les deux tables de pierre devant le Seigneur. Peut-être s’attendait-il à ce qu’il y grave à nouveaux dix commandements, comme sur les deux premières... eh bien non, dans un premier temps. Face aux dix paroles initiales, qui ont été brisées, le Seigneur ouvre son cœur et parle de lui ; le Seigneur se montre non plus juge mais miséricordieux.                                                                                                                                                                                               1 / 1

Homélies MgrJean Scarcella

Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion

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26 octobre 2016
Homélie
Pèlerinage diocésain à Rome, Assise Ste Marie des Anges

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                                                                2Cor 6, 6-11 – Ps 112 – Lc 18, 21-35

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Frères et sœurs, chers pèlerins,

Nous voici au terme de notre pèlerinage avec cette halte entre Rome et le diocèse de Sion. C’est notre dernière messe commune. Nous allons être envoyés. L’heure est favorable pour tirer un bilan. Nous n’allons pas calculer le nombre de rosaires ou de messes célébrées. Nous ne ferons pas le compte des grâces reçues ou à côté desquelles nous aurions pu passer. Parce que la liturgie de cette messe nous fait porter l’attention sur d’autres chiffres : Combien de fois faut-il pardonner ? Pour mieux entendre l’inouï de la réponse faite à cette question, je vous invite à faire un bref parcours en 4 étapes sur la question du pardon, dans la Bible.

  1. Il y a eu tt d’abord la mesure de la vengeance. Caïn avait tué son frère ; il se voit désormais menacé. Pour sa protection il est dit que Caïn sera vengé 7 fois si qqn lui fait du mal. Après lui, son parent Lameth sera vengé 77 fois. On est au régime ou chaque offense est vengée 7 fois. C’est la loi de la guerre. Qui n’est pas encore morte.

  2. Vient ensuite la mesure du Talion. « œil pour œil, dent pour dent »(Ex. 21.24). C’est une loi limitative qui représente un progrès énorme. On réprime la peine causée par la même peine infligée. La peine est tarifée. C’est un peu nos lois de prison qui survit toujours.

  3. Avec le Christ est venue d’abord la loi de l’amour. « On vous a dit œil pour œil... et bien moi je vous dis d’aimer vos ennemis. » C’est la loi de la charité. Elle pourrait tout bouleverser. C’est un défi à la sagesse du monde !

  4. En réponse à la question de Pierre, voilà enfin la mesure de la miséricorde. « Je ne dis pas 7x, mais77x 7x. Quelles que soient les offenses et leur nombre, la miséricorde invite à les pardonner toutes, inlassablement et de tout cœur. Voilà bien le point le plus secret du christianisme, parce que le pardon des offenses nous rapproche de Dieu, nous met en communion avec les autres et nous garde en paix avec nous-mêmes.

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  6. 161026JML-Ho.pdf                                                                                                         1/2 

Pèlerinage de la Miséricorde – Rome / Diocèse & Territoire abbatial / Assise /

25 oct. 2016                       1 Co 12, 31-13,8 / Ps 137 / Mt 19, 16-26

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Mes sœurs, mes frères, chers amis,

Impossible d’entendre la Parole de Dieu que nous recevons ce matin sans tout de suite avoir en face de soi le visage de saint François d’Assise. Il est, au niveau de l’humanité créée, un archétype du don, par sa vie pauvre et donnée, et de l’amour, par son cœur riche et ouvert. Ainsi laissons-nous interpeller ce matin par ces deux mots fondamentaux de notre vocabulaire chrétien : le don et l’amour. Peut-être allez-vous trouver que c’est ringard parce que ça revient tout le temps dans les homélies ; mais en fait si ces mots sont fondateurs, c’est qu’ils sont fondamentaux pour notre vie chrétienne. Et, le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne les invente pas !

Donner et aimer, vivre le don et vivre l’amour, deux réalités qui vont ensemble ; mieux, qu’on ne peut pas dissocier, en langage chrétien. Vous le savez, il n’y a pas de don sans amour, ni d’amour sans don.

Les deux réalités, en fait, existent bien pour elles-mêmes, c’est vrai : je peux donner quelque chose à quelqu’un dans un simple geste de lui remettre quelque chose, comme une pièce d’argent contre une livre de pain ; il est vrai aussi que je peux aimer par simple mode de courtoisie ou de savoir-vivre. Mais tout ça, ce n’est que la face extérieure de ces mots et de leur signification profonde et fondamentale. Profonde pour qu’on en ait la juste interprétation, et fondamentale pour qu’on en vive pleinement et totalement.

Je crois qu’il n’y a pas trop de grands discours à faire pour comprendre cela. Du coup, avant d’aller chercher ce qui nous fait goûter à ces réalités quand Dieu nous les présente, regardons non plus un, mais deux visages que l’Église nous donne comme témoins :

• Comment, encore une fois, ne pas évoquer ici la figure de saint François d’Assise ! ”De riche qu’il était, il s’est fait pauvre”, se dépouillant de tous ses biens pour les donner aux pauvres.

– Il incarnera pour nous, ce matin, le visage du don.

• Comment ensuite ne pas s’arrêter à la figure de sainte Mère Teresa de Calcutta! De religieuse qu’elle était dans sa Congrégation initiale, elle s’est faite pauvre, s’ouvrant de tout son être à l’appel de l’amour pour la misère du monde.

- Elle incarnera pour nous, ce matin, le visage de l’amour.
Et vous voyez qu’en contemplant ces deux grands saints, qui évoquent pour nous le don et l’amour, il y a

un dénominateur commun : la pauvreté.

Et c’est cette pauvreté justement, frères et sœurs, qui nous permet d’aller à l’essence de la réalité des ces deux mots constitutifs du message évangélique. La pauvreté est comme le catalyseur qui permet la bonté et favorise l’amour. Le catalyseur...: pour être bon, il faut s’ouvrir à toutes pauvretés, pour pouvoir aimer, il faut ouvrir son cœur de pauvre.

D’emblée, écartons ici du mot ”pauvre” les notions de misère et d’indigence, car on ne se trouve pas sur un plan matériel à ce niveau de notre réflexion. On se trouve au niveau de l’être, parce que le don n’est pas une chose que l’on donne seulement, ni l’amour une chose que l’on partage seulement. Le don est : le don de soi – et l’amour est : l’amour du prochain. Ainsi, frères et sœurs, le don a un corps humain et l’amour a un cœur humain. Et le modèle, notre modèle, c’est Dieu, en son Fils Jésus, incarné dans notre monde, pour préparer à l’humanité la voie du salut ; le chemin de la vraie vie, celle qui ne se trouve pas dans toutes les richesses que nous pourrions posséder, ni dans les amours futiles et passagères qui comblent un unique désir de jouissance n’aboutissant qu’à des impasses : le chemin de la vraie vie, c’est Jésus !

Quand saint François donne, il remet l’homme debout dans sa dignité, parce qu’il se donne. Quand sainte Mère Teresa aime, elle remet l’homme à lui-même, parce qu’elle partage son amour.                                                                                                                               1 / 1

C’est à cela, frères et sœurs, que les textes sacrés de notre liturgie d’aujourd’hui veulent nous conduire : don et amour vont ensemble, nous le disions, parce que, pour aimer je dois me donner, et que pour me donner je dois être capable d’aimer. Ces deux mouvements se lisent dans les deux vies de François et de Mère Teresa.

Jésus nous parle du don dans son dialogue avec le jeune homme riche. Celui-ci recherche ce qui est bon dans le sens du bien faire ; comme la personne qui veut être respectable quant à son rang social. Mais il se trouve à la face extérieure de son être. Pour être vraiment bon, c’est Dieu qu’il faut rechercher, lui seul est bon; il faut donc aller à l’intérieur de son être. D’autre part, le jeune homme observe les commandements, avec une application irréprochable, comme on le ferait en exécutant des lois. Pour réaliser vraiment la loi de Dieu, c’est lui qu’il faut rechercher, parce que lui seul est amour, et que Jésus nous a dit être venu accomplir la Loi de Moïse par l’amour.

Je peux ne pas vouloir tuer, ni commettre d’adultère, je peux ne pas voler ni porter de faux témoignage, bien sûr et tant mieux, parce que je suis civilisé et que ça ne se fait pas dans la société où j’ai été éduqué. Il y a comme un code d’ontologie, on va dire immanent, à notre société. Mais est-ce vraiment cela que Jésus nous demande ? Jésus ne nous dit pas ce que nous ne devons pas faire, Jésus nous dit ce que nous devons faire, c’est-à-dire : aimer. C’est pour pouvoir aimer comme lui que je dois ni tuer, ni commettre d’adultère, ni voler, ni porter de faux témoignage, afin que son Règne vienne et que s’installe la civilisation de l’amour que Jésus est venu instaurer sur notre terre.

La loi n’est pas un chemin de perfection, mais certainement de rectitude. Le seul chemin de la perfection c’est l’amour. Et pour cela il faut être capable de se donner, de se débarrasser de ses orgueils, de ses refus, de ses fausses richesses et de rechercher le détachement pour pouvoir vivre du vrai attachement : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi ». C’est à cela que nous amènent les dix commandements, frères et sœurs : à la seule loi d’amour. Alors, certes, nous ne sommes pas tous appelés à être des François d’Assise ou des Mère Teresa de Calcutta, mais nous sommes tous appelés à l’amour pour donner à notre monde le visage de Dieu. Apprenons à nous donner pour Jésus et pour nos frères, en nous désappropriant du superflus, du bling-bling, de ce qui est aucunement fondamental à notre existence ; tout cela, pas seulement aux plans matériels – je dirais presque que, dans notre démarche de vie chrétienne, c’est second –, mais au plan spirituel, de la force d’âme, du comportement à la hauteur du don que Dieu nous a fait de son corps et de son amour. C’est à ce niveau-là que se trouve la voie, le chemin de notre salut, notre trésor dans les cieux. Nous vivons pour l’amour, frères et sœurs, nous marchons avec l’amour, nous aspirons à l’amour total dans la vie éternelle : préparons-nous donc à aimer, apprenons à aimer, aimons... aimer ! Vous avez vu comme on a si facilement glissé du don à l’amour ! Quand je vous disais que l’un ne va pas sans l’autre !

Et, pour conclure, il n’est que de se rappeler de l’exaltation que saint Paul fait de l’amour dans cette page de sa Première Épître aux Corinthiens, qu’on appelle volontiers : ”l’Hymne à l’amour”. Ces exhortations arrivent pour nous aujourd’hui comme en miroir par rapport aux dix commandements. Moïse rapporte ce qu’il ne faut pas faire, tandis que saint Paul rappelle que, quoi que nous fassions, s’il n’y a pas d’amour, rien ne se fera! Et surtout que moi, je ne m’accomplirai pas dans ce que fut le geste même d’accomplissement du Seigneur Jésus ! En effet : sans amour je ne suis rien, quoi que je fasse cela ne me sert à rien... je suis tout au plus une cymbale retentissante... du vide, quoi... ”cause toujours !”... Non ! Aime et deviens ! Au risque de paraphraser saint Augustin, je dirais volontiers : deviens ce que tu aimes ! C’est-à-dire deviens amour dans la recherche de ressemblance avec Dieu ; deviens toi-même dans la force de ton baptême ! C’est là l’expression même de la vie divine qui coule dans tes veines, la manifestation de l’icône du Christ ; deviens cela, car tu sais que pour Dieu tout est possible ! Alors tu auras réussi ton pèlerinage terrestre qui est montée jusqu’au cœur de l’amour dans la Vie, aujourd’hui et pour les siècles des siècles.

Amen !                                                                                                                              2 / 2

Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion

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23 octobre 2016
Homélie
Pélé Rome Jeunes Familles, 30 Ord C

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                                                Ben Sir 35, 17-22 – 2Tim 4, 6-8 ; 16-18 – Lc 18, 9-14

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Chers amis pèlerins, Chères familles, chers jeunes,

Durant ce pèlerinage de la Miséricorde, nous ne pouvions pas ne pas réfléchir au rapport entre miséricorde et justice. Ce lien est difficile à comprendre. Habituellement, la plupart des gens se situent en faveur de l’un au détriment de l’autre. On est pour la justice à appliquer de façon presque aveugle, selon les règles mises en place sans tenir compte de circonstances atténuantes ou d’exceptions possibles ou bien on pense que la miséricorde peut tout niveler, tous accepter, qu’elle tient en échec toute application de la justice. Les textes de cette liturgie nous invitent à prendre en compte cet aspect de la vie chrétienne. Et ce n’est pas une gymnastique de l’esprit ou une question purement théorique.

D’un côté, le Pape François nous a redit que « Miséricorde » est le nom même de Dieu, l’être même de Dieu : Dieu est Miséricorde. Et d’autre part les textes bibliques nous parlent très souvent, comme aujourd’hui, du « Seigneur, juge impartial envers les personnes. » Lorsque j’étais aumônier du collège, j’avais confié une classe à un confrère pour l’animation d’une retraite. Le cadre de la retraite était clair, notamment en ce qui concernait la discipline le soir. Or, le 2ème soir, mais déjà le 1er, les élèves avaient tellement chahuté qu’ils ont été renvoyés au collège. Une délégation est venue me voir à l’aumônerie pour plaider leur cause. « Vous nous dites que Dieu est miséricordieux, vous devriez vous aussi nous pardonner, nous faire miséricorde, sinon votre parole n’a aucune va leur ! La parabole du pharisien et du publicain est racontée par Jésus à certains qui étaient convaincus d’être justes.

Et c’est tout à fait l’attitude du pharisien. Aucune remise en cause de lui-même. Il ne pense qu’à se justifier lui-même en faisant état de tout ce qu’il fait de bien pour mieux mettre en relief les limites, la pauvreté, les faiblesses du publicain.

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Homélies Mgr Jean-Marie Lovey

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